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Le mansplaining



Lutter pour les droits des femmes revient-il à se positionner contre les hommes ?


Nous aimons croire que le monde irait mieux, gouverné par une main féminine. Pourtant lorsque j’apprends que la force de frappe des conseillères de la Maison blanche consiste à radoter en cœur pour se faire entendre, j’ai des doutes.


Le manque de considération vis-à-vis des femmes, notamment dans le milieu professionnel, est encore notable. Pour désigner ce problème, le mansplaining est venu supplanter le terme désuet de paternalisme. En bon concept viral et efficace, il évacue la dimension réflexive censée entourer n’importe quel sujet. Une marotte 2.0 de celles et ceux qui trouveront plus facile de liker un extrait de Sex and the city démontrant l’hégémonie de l’ogre masculin, que de lire les deux pavés du Deuxième Sexe.


Entendons donc par mansplaining, un terme évidé avec tous ses produits dérivés dont ne peut se passer un effet de mode : gif, vidéo, chanson…



Même nourries de convictions, éduquées et cultivées, les femmes butent encore contre le plafond de verre du paternalisme. La dénonciation à grande échelle du mansplaining se voudrait la manette d’urgence que l’on actionne pour briser ce plafond.


Pourtant, moi-même victime bafouée de quelques affreux collègues masculins et d’ennuyeux rancards, je ne saurais voir défiler ces démonstrations d’injustice sans y déceler avec malaise une forme de… mesquinerie.


Le féminisme est à mes yeux et avant tout, l’épanouissement de notre identité de femme. En quoi pointer du doigt un homme à la moindre de ces incartades nourrit une véritable confiance en soi ? Le mansplaining et ses contre-attaques à y regarder de près, consistent beaucoup plus à rabaisser la gente masculine qu’à élever notre condition de femme.


Il faut avouer que les modèles de pensée quand l’intelligence ne se départait ni de retenue ou d’élégance (une Simone de Beauvoir, une Elisabeth Badinter) ne sont plus au goût du jour (Ici, une parenthèse dédiée à la fulgurance du propos et au bon goût de Marion Cotillard, des seins en plastique sur le front).


Ainsi, si le féminisme était l’allégorie statuaire d’une femme au port altier brandissant un poing pourfendeur, le mansplaining en serait l’antithèse, soit un fanion écarlate agité par un petit poing crispé de ressentiment.


Ce fanion monté sur ressort mesdames, se dresse en toute circonstance sans nécessité de prendre du recul, nous décharge de toute responsabilité dans notre propre combat, et rompt définitivement le dialogue entre les genres. Car finalement, le mansplaining serait encore admissible si il ouvrait au dialogue. Malheureusement, vidéos, gif et articles ne resservent qu’une seule et même idée stérile : les hommes sont des cons.


Expliquez-moi donc dans ce cas, pourquoi nous abaisser à leur niveau.

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